Chronique Influencia. Qui peut signer son travail est un être heureux.

Good job. 60% des salariés vivent le travail comme une contrainte !

PUBLIÉ LE 04 JUIN 2014
Décryptage du mythologue : Good job. 60% des salariés vivent le travail comme une contrainte !

 

Si les Romains ont vite considéré le travail comme une torture (« tripalium », étymologie du mot travail est le nom d’un instrument de torture), leurs ancêtres, les Grecs considéraient le travail (ergon) comme l’accomplissement d’une œuvre. Le terme « travail » en grec ancien oppose simplement l’action à l’inaction.

 

Comment passe-t-on de l’accomplissement de soi à la torture ?

 

Que s’est-il passé pour passer en deux ou trois siècles de l’approche grecque à la notion latine du travail ? Dans les deux civilisations, il y avait des esclaves, de la terre à cultiver, des villes à bâtir et à entretenir, des travaux ménagers et… des palabres entre citoyens sur l’agora ou le forum. Les Romains inventèrent les corporations et à l’intérieur de chacune d’elle une segmentation des tâches. Le « taylorisme avant la lettre » est né dans la Rome antique et avec lui, l’idée que le travail est une contrainte, voire même une « torture ». En Grèce antique, dont l’apogée a lieu cinq siècles avant celle de Rome, les artisans faisaient encore leur job de A à Z. Le plaisir du travail provient de la part d’initiative laissé à chaque individu.

 

 

Les commerçants, les artisans, les professions libérales plutôt heureux de travailler

 

Dans ce sondage, les chiffres sont inversés chez les commerçants, les artisans et les professions libérales qui à 60% considèrent le travail comme une source d’épanouissement. Ces professionnels voient l’impact direct de leur rôle sur les résultats. Ils construisent une « œuvre » au sens le plus noble du terme. Ils travaillent dans un cadre dont ils connaissent à peu près les règles du jeu, ils se sont donnés des « frontières » et s’y tiennent. Le maçon n’est pas électricien, l’avocat n’est pas expert-comptable, l’épicier n’est pas quincailler. Lorsque les frontières « sautent », certains se dotent d’une « casquette trop grande » et se retrouvent obligés de diriger des métiers qu’ils ne connaissent pas, c’est-à-dire d’imposer des règles bien souvent inappropriées.

 

 

Impossible dilemme ?

 

Dans ce monde où les grandes entreprises ont des centaines de milliers de salariés et travaillent sur plus de cent pays, comment retrouver cet esprit artisanal  qui semble participer au bonheur au travail ? Le numérique et la génération Z, « génération de l’illusion » nous donnent une belle dose d’espoir. Car le digital annonce l’ère de la débrouillardise, des groupes de travail et de la culture du projet. Un projet est une sorte d’artisanat mis au point dans une grande organisation, où chacun connait la finalité, les objectifs de la « tâche à accomplir » et dont le groupe trouvera en commun la solution. Déjà, les meilleures entreprises du numérique fonctionnent ainsi pour réanimer le sens de l’initiative.

 

Travailler, c’est être capable de « tout embrasser » c’est à dire comprendre. Comprendre ce qu’on fait, à quoi on sert, être fier de sa valeur-ajoutée. C’est vrai dans le monde de l’entreprise (ou de l’administration), c’est vrai également en politique pour le citoyen. Dans le monde du travail comme en politique, l’être humain veut comprendre à quoi il sert , à quoi ça sert de travailler ou de voter… Les gens veulent désormais se mêler de ce qui les regarde. Et là, ils retrouvent une satisfaction oubliée. Le potier grec signait jadis « son » amphore. Qui signe son travail est heureux de l’accomplir !