Choc de simplification ou effort de simplicité?

Les mots veulent dire quelque chose et ne sont pas des formules “creuses”.  Les gens écoutent, comprennent et se situent par rapport à ces discours. On appelle cette science des mots et des tournures,  la sémiologie, la science des signes,  dont le mythologue Roland Barthes fut un éclaireur.

Le décodage des formules nous enseigne souvent plus sur l’intention et le résultat attendu que l’analyse des lois et des décrets dont elles sont à l’origine.

Depuis quelques temps, le public est “bombardé” par son élite politique et économique de “chocs”. Choc de compétitivité, choc de confiance (plutôt à droite) et désormais choc de simplification.

Le mot “choc” choque dans une démocratie.C’est “une rencontre violente d’un corps avec un autre…Avec en conséquence la victoire rapide d’un camp sur un autre.  ” Les ennemis furent renversés au premier choc” (écrit Littré) . Pour qu’il y ait choc, affrontement violent et issue rapide,  il faut  un ennemi bien identifié. Sinon, point d’espérance de victoire rapide.Comment remporter une victoire sur un ennemi introuvable?

Déjà les “chocs” de confiance, de compétitivité, s’attaquaient à des “moulins à vent” éparpillés, diffus et difficiles à identifier.

Mais le choc de simplification censé s’attaquer à la “complexification”, en simplifiant la complexité, bref à ce qui est compliqué semble un parfait oxymore.

S’attaquer au complexe, c’est s’attaquer à la société même, aux règles du vivre ensemble. C’est aussi se heurter à l’humain, ni simple à analyser et encore moins à “simplifier”. L’humain a peu de chromosomes mais  il  n’est pas simple et encore moins simpliste.

Si l’on veut rester simple, en politique et ailleurs, évitons les mots qui n’auront aucun après et échappons aux  jargons.

Un “effort de simplicité” eût été, à mon sens, une formule plus adaptée et  plus judicieuse. Plus simple en quelque  sorte!

Les mots veulent dire quelque chose et les cellules de communication -de l’Elysée des ministères ou des entreprises-dont c’est le métier-  devraient quelquefois s’en souvenir!