J’écrivais en 2006 l’ouvrage intitulé: “l’Europe, une mauvaise marque?” Il est aujourd’hui épuisé.
Les évènements incroyables de Chypre nous obligent à nous reposer cette question, tout comme l’analyse des très mauvais sondages du dernier Eurobaromètre. 72% de défiance des citoyens européens contre 20% de confiance.
Les citoyens tentent de comprendre les mesures prises au nom de la protection de l’essentiel et les acceptent plus ou moins selon la nature et la puissance du symbole des sacrifices demandés.Cette affaire de Chypre, un raquette inattendu, n’a pas fini de creuser le puits de défiance, bien au delà de cette île méditerranéenne.
C’est ici que la comparaison avec les marques se montre pertinente. L’Europe politique et économique est comme une marque, une création ex nihilo.
Qu’est ce qui fait mourir une marque? La perte de confiance de ses consommateurs.
Qu’est ce qui fait mourir un pays? La désaffection de ses citoyens.
Sans clients, une marque n’a plus de raison d’être. Son inscription au bilan d’une entreprise ou d’un groupe ne va l’empêcher de disparaître. Les marques sont faites pour être “achetées”, “demandées” pour les gens. Imposer une marque sur le moyen et le long terme est impossible même en y mettant les moyens.
L’Europe peut bien faire rêver des non consommateurs, des citoyens d’Afrique ou d’ailleurs mais si ses propres citoyens la délaissent, ils commenceront à ne plus vouloir en payer le prix demandé (c’est déjà le cas avec le budget) puis trouveront un chemin buissonnier pour l’éviter définitivement. Une marque, comme une entreprise, comme un pays ou un continent est un projet dont il faut faire sans cesse le récit pour lui donner assez de perspective.
Le storytelling de” l’anti-mandrin” (voler aux pauvres pour donner aux puissants) a rarement eu beaucoup d’adeptes.Le symbole fera tâche d’huile…
Et une marque sans consommateurs ne reste pas longtemps en rayon!