La logique des mythes n’a jamais été aussi forte.

Le mythologue a toujours des difficultés à expliquer pourquoi le monde est en train, sous nos yeux , de passer de la seule lecture des faits à leur interprétation. Pourquoi nos contemporains, à commencer par les plus jeunes, ceux que j’appelle les “Nouveaux Bovary” passent du “logos”, de la raison au “muthos”, à la narration de ce que l’on voit ou analyse.Pourquoi, ils peneent qu’ils sauveront le monde alors que tous les experts désespèrent.

Les travaux de Bruno Latour sur la modernité nous aident bien à comprendre ce glissement de la pensée.

Il joue sur deux paramètres: les faits et les valeurs. Au travers de l’histoire, il distingue trois temps dans la pensée humaine: une époque mythique où les faits inexpliqués deviennent des divinités, des valeurs. Puis vient le temps de la modernité, faits et valeurs sont bien séparés. A notre époque, malgré les avancées de la science, les sceptiques reprennent le dessus. Les discussions sur le climat sont caractéristiques du phénomène. On pensait comprendre, on ne maîtrise rien. On croyait pouvoir expliquer et les faits eux-mêmes nous échappent.
Alors le troisième temps arrive, je l’appellerai volontiers celui de la mytho-modernité: le mythe, la valeur, la divinité reprend le dessus et nous donne une explication des faits qui perdent ainsi de leur indépendance “scientifique”. Puisque nous nous ne comprenons pas tout de façon rationnelle, alors nos contemporains se (re)disent qu’on a, de nouveau,  besoin d’une part d’explication irrationnelle.
Le temps du mythe revient puisque le temps de la raison n’a pas pu répondre à 100% aux exigences de la raison . L’homme retrouve son besoin de narration, d’explication un peu magique des choses, de père Noël de l’humanité. Lorsque la complexité semble nous emporter, l’humanité retrouve le chemin de la simplicité du mythe.Car le mythe est simple là où la raison est toute complexité, doute, recherche sans cesse renouvelée.

Finalement, c’est bien ainsi. La pensée magique et la pensée rationnelle se retrouvent enfin. Notre époque est syncrétique et c’est ce qui la rend si attachante, si pleine d’espoir. A la fois fracassante et consensuelle, du fracas des idées qui s’affrontent et du consensus des idées, des gens  et des faits partagés dans les réseaux sociaux et ailleurs.

Publié par G. Lewi

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