Pourquoi la Bovary nous fascine-t-elle autant?

 

 

 

Pourquoi la Bovary nous fascine-t-elle autant?

Gemma Bovery de Posy Simmonds au cinéma.  Le roman Bovary21 de Georges Lewi, paru fin 2013. Bientôt un nouveau « Madam Bovary » par la réalisatrice franco-américaine Sophie Barthes avec Mia Wasikowska…l’icône d’Alice au pays des merveilles.

La BD de Posy Simmonds « tournée »  par Anne Fontaine parle, au début du récit  d’une culpabilité quasi collective que nous aurions face à l’héroïne de Flaubert.

La « Gemma » de Luchini est une jeune anglaise qui faute avec le boulanger normand, la Bovary21 de Georges Lewi est encore plus contemporaine. Elle est blogueuse et poursuit l’illusion de « conduire le monde ». Celle de Sophie Barthes aura un accent américain.

S’ils sont si nombreux à « écrire la suite » du roman de Flaubert, si les hommes aiment,  encore plus que les femmes, « Madame Bovary », c’est sans doute que nous portons cette culpabilité de ne pas parvenir à comprendre la hardiesse des femmes. Chacun essaye de réécrire à sa manière cette histoire somme toute banale d’un adultère qui finit mal comme s’il s’agissait de la première histoire du genre humain.

Chez Flaubert, Emma aborde la difficulté d’être femme, Posy Simmonds fait succéder Jane Eyre la chanceuse à la pauvre Emma, Georges Lewi traite de la difficulté d’une jeune femme de s’affirmer dans le monde professionnel et de tenir un blog féminin sur la durée.
Tous se demandent « comment maîtriser l’illusion d’être», question si contemporaine, à l’heure des avatars du net et de l’identité transfigurée. C’est bien Fabrice Lucchini, le roi de la démesure verbale qui a été choisi pour incarner l’amant normand si « normal », qu’on le prendrait pour le mari.

Le roman de Georges Lewi, Bovary21 remporte un beau succès auprès de la génération Z qui en a fait « son roman générationnel », preuve supplémentaire que le bovarysme n’a pas fini d’intriguer et que toute la culpabilité vis-à-vis de « la Bovary » n’a pas été épongée.

Pandore, Eve, Bovary…le même mythe de l’illusion humaine s’incarne au féminin.